Attention, nouvelle « reforme chômage « en vue ! Chaque gouvernement qui aborde le sujet « se doit » de rogner un peu plus chaque type de prestation sociale. Et la nouvelle réforme de l’assurance chômage fait partie de cette stratégie en vous faisant croire qu’il suffit de traverser la rue pour retrouver du travail et que les chômeurs et autres sans-emplois sont forcement des profiteurs. Pourtant l’assurance-chômage est un droit, fondamental même, et cette « réforme chômage 2019 » n’a qu’un but : faire cotiser plus ceux qui travaillent, faire cotiser moins les employeurs. Au final, chaque salarié paiera beaucoup plus pour… une absence totale de sécurité ! Analysons le sabordage du navire ensemble…
REFORME CHÔMAGE 2019 :
L’ARNAQUE DE L’ASSURANCE-CHÔMAGE
Que vous soyez salarié en CDI ou sur des contrats courts ou que vous soyez chômeur, sans-emploi, travailleur à temps partiel, saisonnier, intérimaire, intermittent, etc. n’en doutez pas, vous êtes concernés par la réforme de l’assurance chômage 2019. En effet, cette nouvelle « réforme chômage » ne vise qu’un seul but : détruire complètement le système de protection des salariès contre la perte d’emploi. Et même si chaque gouvernement a tenté de réduire les droits des salariès et de tous les travailleurs à l’assurance-chômage, sapant un peu plus un système qui fonctionne très bien… Pardon ? Vous êtes étonnés que j’écrive que le système fonctionne très bien alors qu’on nous bassine sur le fait du déficit qu’il entraine ? C’est peut être parce qu’on ne vous a pas expliqué d’où vient ce déficit. Car étonnamment, les chômeurs n’en sont pas à l’origine ! Pour comprendre ça, il faut d’abord faire la différence entre le travail, le chômage et l’emploi afin de comprendre le modèle de l’assurance-chômage puis voir en détail ce que contient la réforme de l’assurance chômage.
Le travail, le chômage et l’emploi
Le travail
Pour comprendre concrètement quel est le problème global du chômage, il faut bien différencier les trois éléments qui le composent : le travail, l’emploi et le chômage.
Le terme de « travail » vient, a priori du latin « tripalium » qui est un… instrument de torture ! Les antiques avaient déjà une idée très tranchée de la question du travail. Par la suite et pendant de nombreux siècles, le travail restera considéré comme une sorte de « malédiction ». Heureusement 😉 , de nos jours les choses ont bien changé 😉
Cela dit, définir concrètement ce qu’est le travail est assez compliqué, tant tout acte de la vie quotidienne (même le plus anodin) pourrait être considéré comme une forme de travail. Dans l’absolu on le mélange allègrement avec le terme d’ « emploi ». Dans nos sociétés modernes les deux mots de vocabulaire sont tellement imbriqués qu’on les considère même comme étant synonymes. Or une nuance énorme les sépare !
Franck Lepage et Gael Tanguy font, ainsi, une séparation entre travail libre et travail subordonné. Le premier étant le fait que le travailleur est libre de choisir ce qu’il produit et à quoi va servir ce qu’il produit. Le second est un travail subordonné à la valorisation d’un capital. C’est à dire que le « travailleur » ( employé, salarié…) ne décide pas à quoi va servir sa force de travail, ni de ce qu’il va produire. La décision est réservée au propriétaire de l’outil de production (en d’autres termes le « patron »). Ici, nous avons donc une définition basée sur la propriété des moyens de production et la propriété des techniques et savoir-faire du travailleur.
Pour Bernard Stiegler, Directeur de l’Institut de recherche et d’innovation, un travail est quelque chose qui ne peut pas être automatisé. Un travailleur qui a un « vrai travail » produit de la différenciation, de la diversité. Nous avons donc affaire là à une définition plutôt liée à la compétence et à la créativité du travailleur.
Mais bien d’autres définitions existent sur le terme de « travail », en fonction de l’angle sous lequel on l’étudie. Pour les besoins de cet article, le plus simple est de considérer le travail comme une activité (rémunérée ou non) qui permet la production de biens ou de services.
L’emploi
Maintenant que nous avons donné une définition simple du travail, il doit alors être plus aisé de définir ce qu’est l’emploi, non ? Pas tant que ça en réalité. Le paradoxe de la société dans laquelle nous vivons (basée sur une économie néo-libérale) c’est que le travail et l’emploi étant considérés comme la même chose, on ne définit même plus ni l’un, ni l’autre. Même des ouvrages d’économie sur l’emploi et le travail donnent des définitions des politiques d’emploi mais pas celle de l’emploi tout court !!! Alors essayons-nous à l’exercice.
En fait l’emploi consiste en l’utilisation de personnes actives de la population à des fins d’activités ou de productions économiques. L’emploi est ainsi une forme de contrat qui va être passé entre un employeur et un salarié pour l’exercice d’une activité contre une rémunération. Il est ainsi intéressant de noter que lorsqu’on parle de travail libre ont se place du côté de celui qui fournit le travail alors que dans le cadre de l’emploi, tout se déroule par rapport à celui qui donne du travail. Entre travail libre et emploi, le rapport de force est donc complètement différent. A partir de là on comprend mieux quels peuvent être les enjeux qui tournent autour de l’emploi et du « non-emploi » c’est à dire du chômage. Et donc de toute réforme chômage.
Le chômage
Ici la définition est beaucoup plus simple. Le chômage est simplement la situation d’une personne – ayant atteint un certain âge – voulant travailler dans le cadre du travail subordonné et cherchant donc un emploi.
Ainsi présentées les choses sont donc claires, simples et limpides. A la limite on pourrait trouver intéressant que, dans cette définition, ce qui lit le travail avec l’emploi c’est… le chômage ! Mais, quoi qu’il en soit, il doit être assez facile de savoir qui est au chômage et qui ne l’est pas ? Non ? Et pourtant, l’un des enjeux de n’importe quelle réforme chômage se trouve justement là : savoir qui l’on met dans cette catégorie.
Peut être allez-vous me dire que « oui, mais c’est normal, car plus ont met de personnes dans la catégorie des sans emploi et donc des chômeurs et plus ça coûte de l’argent à l’État pour les indemniser ». Sauf que ce n’est pas le cas ! L’assurance-chômage est financée par les cotisations des salariès et des employeurs et non par l’État. Les négociations autour de l’assurance-chômage n’ont toujours qu’un seul objectif : faire payer moins les employeurs et beaucoup plus les salariés. En d’autres termes et pour paraphraser une formule bien connue, il s’agit de privatiser les profits et socialiser les cotisations. Mais n’allons pas trop vite.
En soi, le phénomène du chômage est assez difficile à comprendre et expliquer tant il dépend d’une situation économique globale, de transformations sociétales, des changements technologiques, etc. Pour autant, au vue des définitions qui sont données, chaque individu devrait pouvoir entrer dans une des trois catégories que la définition amène :
– Soit on est actif, si on a un emploi.
– Soit on est inactif, si l’on n’a aucune activité et que l’on ne cherche pas d’emploi (enfant, étudiant, retraité, etc) .
– Soit l’on est chômeur et donc sans emploi tout en en recherchant un.
Et pourtant, on constate que des personnes se retrouvent parfois entre deux voir trois catégories et ne sont donc pas forcement comptabilisés dans les chiffres du chômage . Certains car ils se retrouvent exclus du système, non parce qu’ils ne veulent pas travailler mais par des éléments d’exclusions sociales. D’autres du fait des nouvelles formes de contrats à courte voir très courte durée qui produisent de la grande précarisation. Et c’est sans parler des travailleurs « au noir » et des clandestins que l’on fait travailler sans aucune sécurité d’un point de vue social et qui permettent d’avoir de la main d’oeuvre « pas cher ».
L’ensemble des ces situations forment ce que l’on appelle le « halo du chômage », terme édulcoré pour masquer le flou complet entre les chiffres et la réalité. Ce qui nous amène donc à la notion de « sous-emploi ».
Reforme chômage et sous emploi
Il n’y a pas si longtemps, en 2012 près de 80 % des salariès était en contrat de type CDI. Depuis les choses ont bien changé. Ces dernières années les intentions d’embauche ne cesse de diminuer : 20 % de CDD de moins de 6 mois, 36 % de CDI et 44 % en emploi temporaire. En d’autres termes, on voit là une augmentation de la précarisation et donc une augmentation future de plus en plus importante des chômeurs. On est donc loin de l’image du « chômeur fainéant » profitant d’un système afin de ne pas avoir à travailler.
Et cet état de fait se globalise. En effet, partout dans le monde le pourcentage d’emplois précaires augmente. Par exemple pour les Etats-Unis (qui, rappelons-le, est le modèle économique suivi par l’Union Européenne), ces emplois temporaires auraient augmentés de 29 % entre 2009 et 2012 !!!
Le problème de l’emploi commence ainsi à se focaliser sur le sous emploi, une nouvelle catégorie qui regroupe dans un beau mélange toutes les personnes qui sont prête à travailler mais qui n’ont aucune possibilité de débouchés. On passe alors d’un petit boulot à l’autre, d’un emploi à un autre… et au milieu on alterne des périodes de chômage ! Actuellement, cette catégorie représente plus de10 % des travailleurs. La situation est claire : contrat de plus en plus court avec employés jetables. Cela ferait une belle pub pour un marque de rasoir !
Ainsi, le marché du travail se segmente de plus en plus. D’un côté des postes à très haut niveau de rémunération et hautes qualifications mais avec peu de places disponibles. De l’autre une augmentation des petits postes à bas prix… pardon à bas salaire !
Inacceptable, me direz-vous ? Vous n’accepteriez pas ça ? Oui, mais si on vous sort du système de l’assurance-chômage et que vous n’avez pas de quoi vivre, ne seriez-vous pas prêt à accepter n’importe quel petit boulot pour pouvoir survivre ? La mise en place des politiques actuelles privilégiant les employeurs (et surtout les grosses entreprises) n’amène les salariès que vers une seule direction : la recréation d’un système d’esclaves-volontaires.
Chômage, assurance chômage et reforme chômage
L’assurance-chômage est un régime d’assurance sociale qui doit contrebalancer la disparition d’un salaire d’une personne privée d’emploi. Evidemment les modalités d’indemnisation vont varier en fonction de chaque pays possédant ce type de système et en fonction des droits et des négociations réalisés autour des indemnisations chômage.
En France, le système est née en 1968, sous l’impulsion du président Charles de Gaulle. Un salarié à ainsi droit à une indemnisation dans les cas de licenciement ou de rupture conventionnelle mais pas dans celui d’une démission à part si elle est justifiée.
Mais, selon les discours politiques, les chômeurs coutent un argent fou. Par exemple la dette de l’assurance-chômage est passée de 8 milliard d’Euros en 2010 à 33 milliards d’euros en 2017. De ce fait, il serait facile de dire que cet argent vide les caisses de l’État. Sauf que cela n’a rien à voir. En réalité l’assurance chômage est financée par les cotisations de TOUS les employés et les employeurs. L’assurance-chômage est une contribution collective que nous faisons tous pour se prémunir contre le risque de la perte d’emploi. Exactement comme n’importe quelle assurance, les allocations versées sont donc des indemnités pour un risque à venir. Elle ne proviennent donc pas de « l’État ».
De ce fait, un mythe est née dans les années 80 visant à faire baisser le coût du travail sur la base d’allégement de cotisations. Cette stratégie suivie au pied de la lettre par l’OCDE dès 1994 a seulement entraîné le paradoxe suivant : les allégements de cotisations ont des montants plus importants que le coût de l’assurance-chômage elle-même ! En 2016 c’est, par exemple 45 milliard d’Euros qui ont été dépensé pour les allocations chômage. Dans le même temps le montant a été de plus de 49 milliard d’Euros pour les exonérations. On dépense plus pour exempter les entreprises de cotisations que pour verser les droits à ceux qui sont sans emploi.
Et pour quel résultat ? Prenez le CICE (le Crédit d’impôt Compétitivité Emploi), par exemple, qui aurait permis de créer ou sauvegarder de 50 000 à 100 000 emplois sur la période 2013-2014… mais pour un coût total de 28,6 milliards d’Euros. C’est à dire un coût variant de 270 000 à plus de 500 00 € par an ET par emploi !!!! On croit rêver. Avec un budget de plus de 26 milliard d’Euros, on aurait pu ainsi créer plus de 1 millions d’emploi avec des salaires de 30 000 € par an !!!
Mais bien sur il y a les négociations, puisque le régime d’assurance-chômage est toujours le fruit d’une négociation entre les partenaires sociaux : à savoir les organisations d’employeurs et les syndicats de salariés. Et effectivement l’assurance-chômage, l’UNEDIC est – en principe – gérée de façon paritaire. Cependant, il faut remarquer que l’ensemble des négociations sont toujours réalisées au MEDEF (le Mouvement des Entreprises de France) sur la base de textes toujours écrit par cette organisation patronale. D’entrée de jeu la négociation est faussée.
Dans le même temps, il paraitrait que de nombreux emplois ne seraient pas pourvus en France. On oublie juste d’ajouter que la majorité d’entre eux propose du travail à haute pénibilité, sur des contrats courts à ultra court pour un salaire dérisoire. Vous voulez un exemple : « nettoyage d’immeuble, 1 heure par semaine, 9 € 75 de l’heure ». Même en ayant besoin de travailler, vous accepteriez ce type de contrat ? Et c’est sans compter le temps de transport si vous n’habitez pas à coté de l’endroit où on vous propose de « travailler ».
On voit immédiatement dans quel sens va n’importe quelle réforme chômage, non ? Les politiques, les médias et la société toute entière poussent à une stigmatisation et une culpabilisation de ceux qui sont privés d’emploi.
Le mythe de l’assistanat
Depuis 1980 le nombre de personne au chômage a pratiquement doublé dépassant allégrement les 2 800 000 personnes. Dans le même temps et ceux depuis plus de 45 ans, la part des prestations sociales n’a pas cessé d’augmenter dans les budgets des ménages français. Plus de 23 milliards de prestation sociales sont ainsi versées chaque année.
En reprenant tel quel ces chiffres et en éliminant les raisons profondes de ces derniers, il est facile, pour les hommes politiques, de donner l’impression qu’une bonne partie de la population est une population d’assistés.
Ainsi, malgré la réalité de la situation de l’emploi en France, en Europe ou ailleurs, l’image négative du chômeur, fainéant refusant de travailler persiste. Et le terme même de « chômeur » participe à cette image.. Issue du latin caumare il désigne, à l’origine le repos pris durant de grandes chaleurs. En gros, le chômeur se la coulerait douce donc !!!
Sauf que l’ensemble de ces allocations ne sont pas de l’aumône que l’État ferait au plus pauvre ou à ceux qui ne « foutent rien » mais bien des droits, En effet, « le droit à des moyens convenables d’existence » est inscrit dans la Constitution depuis 1946. Il s’agit donc bien d’un droit constitutionnel. De la même façon que l’assurance-chômage, l’ensemble de ces droits sont le fruit de la contribution collective des salariès et des employeurs. Ainsi chacun, par un prélèvement sur chaque revenu individuel, permet de créer une caisse budgétaire pour ceux qui sont dans le besoin.
Et VOUS-MÊME pouvez vous retrouver, à un moment ou à un autre dans une situation ou vous aurez besoin de ces aides. Ce sera pour vous aussi un DROIT ! Alors, à chaque fois que vous contribuez à l’aide collective, vous vous aidez vous même. Ne l’oubliez pas.
Certains vont sans doute me dire : « oui mais il y a tous les fraudeurs ! ». Effectivement, il y a tous ceux qui profitent du système sans contribuer à son maintient. Alors, là aussi mettons les choses au clair. Selon la chaîne Datagueule :
– En 2013, la fraude aux prestations sociales (c’est à dire le fait de percevoir des aides sans y avoir droit) s’élevait à 350 millions d’Euros.
– Dans la même période, la fraude aux cotisations sociales, donc globalement les employeurs qui ne payent pas ce qu’ils devrait, représentaient 20 à 25 MILLIARDS d’Euros !!!!
Alors, où se trouvent les vrais profiteurs ? Vous remarquerez que nos dirigeants pointent du doigt les premiers tout en aidant les seconds alors même que la fraude des cotisations sociales réalisées par les employeurs suffirait à elle seule à combler bien plus que le soit disant déficit de l’assurance-chômage.
Le véritable fonctionnement d’un système
Ainsi, il est très facile de renvoyer sur le chômeur le « coût du système de l’assurance chômage ». Et bien oui, parce que s’il n’y avait pas tous ces gens qui refusent de travailler, forcement tout le monde paierait moins de charges et tout irait mieux, non ?
Bon, nous avons déjà démonté cet argument là car le principe même d’une « assurance » c’est de pouvoir se prémunir d’un risque qu’il est possible de ne jamais avoir. Donc pas la peine d’y revenir. Et privatiser le système – politique vers lequel nous nous dirigeons, n’en doutez pas, -ne sera pas une solution non plus.
Pourquoi ? Et bien tout simplement car cela mettrait dans la balance un partenaire (la société privée) qui se ferait payer au passage pour un système qui serait basé sur le même principe qu’auparavant : mutualiser les cotisations pour payer ceux qui se retrouvent dans la situation de chômage. Et encore ! Cela ne ferait que durcir encore plus le sytème tant il y aurait de contrainte pour obtenir votre dû.
Maintenant, il est possible d’analyser les choses autrement. Dans les débats ou les discutions qu’elles soient médiatiques ou politiques on parle bien du « coût du système de l’assurance chômage » et non du « coût des chômeurs » ! Et effectivement, dans le système de l’assurance-chômage, qui est visé dans cette nouvelle « réforme chômage » ont remarque que, depuis des années se sont les coûts de fonctionnement qui augmentent pour des résultats pour le mieux mitigés.
En effet, l’Unedic qui gère l’assurance-chômage, à également l’obligation de financer le fonctionnement de Pole Emploi. Une charge qui lui coûte chaque année 3,5 milliards d’Euros. La raison invoquée pour cette « reforme chômage » est que l’Unedic à accumulé, au fil des années une dette de 35 milliards d’euros en un peu plus de 10 ans. Sauf que sans cette charge, l’Unedic n’aurait pas pu accumuler cette dette et ainsi rester à l’équilibre.
Et lorsqu’on parle du coût de financement de Pole-Emploi, il ne s’agit pas des salariès qui y travaillent (toujours moins nombreux d’ailleurs) mais plus de l’argent qui est dépensé par Pole-Emploi. En effet, du fait de la baisse de ces effectifs et du nombre croissant de dossiers qu’il est obligé de traiter, Pole-Emploi se voit contraint de sous-traiter de plus en plus de missions par le secteur privé. Résultat des courses : une dégradation des services rendus aux sans emploi et une augmentation du coût de 1 000 € par chômeur suivis !
En d’autres termes, on retrouve encore le bon vieux coup de ; « dépensons de l’argent publique dans des moyens complètement inutiles pour ensuite pouvoir annoncer que le système ne fonctionne pas et qu’il faut donc le reformer ». En d’autres termes, depuis des années, les politiques (avec le cautionnement et l’aval du « gros patronat ») détruit complètement un système de l’intérieur pour le remplacer par un système qui rapportera surtout à ceux qui n’ont pas besoin de ce dernier. Or, nous oublions trop facilement que l’argent de l’Unedic n’est pas l’argent de l’État : c’est l’argent des travailleurs !
C’est d’ailleurs en partie pour casser cela qu’en 2018, les cotisations chômage versées par les salariès ont été supprimé avec, en contrepartie une augmentation de la CSG qui n’est pas une cotisation mais bien un impôt ! On voit donc bien là une volonté de déposséder les travailleurs de certains de leurs droits, dont celui d’obtenir des indemnités chômage lorsqu’ils sont dans une période sans emploi.
Un nouveau décret assurance chômage
Au départ, les différents partenaires sociaux, c’est-à-dire les syndicats et le MEDEF, devaient s’accorder ensemble sur une nouvelle convention chômage au début de l’année 2019. Evidemment et dans un ballet bien orchestré, ces négociations ayant échoué, le gouvernement a été « obligé » de reprendre la main.
Résultat : essentiellement deux décrets (le décret n° 2019-797 du 26 juillet 2019 relatif au régime d’assurance chômage et le décret n° 2019-796 du 26 juillet 2019 ) relatif aux nouveaux droits à indemnisation ainsi que des mesures destinées aux travailleurs prives d’emploi.
Ces nouvelles mesures seront progressivement mis en place entre novembre 2019 et mars 2021.
Que contient la réforme de l’assurance chômage ?
L’ensemble des mesures tournent toutes autour d’un point essentiel : le gouvernement exige de l’Unedic qu’elle réduise de plus de 1 milliard d’Euros par an les prestations chômage. Evidemment ces économies s’ajouterait à celles faites par le contrôle accru des chômeurs.
Et bien sur par « contrôle accru », il faut comprendre « mise en place de tous les moyens possibles pour radier les demandeurs d’emploi quel qu’il soit et quelque soit leur situation ». Le décret n° 2018-1335 du 28 décembre 2018 avait déjà durci le système mais la nouvelle réforme chômage visant les sans emploi en rajoute une couche :
D’abord avec un durcissement des règles d’indemnisation. Désormais, il faut avoir travaillé 6 mois minimum en 24 mois (soit deux ans) pour avoir droit à des indemnisations contre quatre mois auparavant sur 28 mois !
Les règles de calcul des indemnités de l’ARE (l’Aide au Retour à l’Emploi) sont également revues. Ceux qui multiplient les contrats cours vont toucher moins même si c’est sur une plus longue période. Le calcul se fera en prenant en compte également les jours chômés. En d’autres termes, avant le calcul se faisait en divisant le montant total des salaires perçu par le nombre de jours travaillés. Désormais ce sera le même montant mais divisé par les jours travaillés PLUS les jours non travaillés !!! Soit une baisse des indemnités.
Bon dans le même temps, il y aura une baisse d’indemnisation des cadres qui verront le montant de leur allocation baisser de 30 %… au bout du 7ème mois d’indemnisation… s’ils touchent plus de 4500 € par mois ! En d’autres termes ceux qui sont obligés de cumuler des emplois précaires à faible revenu se verront donc plus sanctionnés que des « gros cadres ».
Ensuite, il y a bien évidemment les punitions, sanctions et contrôles accrus sur les demandeurs d’emploi :
– Désormais un chômeur ne pourra plus refuser que deux Offres Raisonnables d’Emploi (au lieu de trois auparavant). Dans le même temps le critère de salaire antérieurement perçu est complètement abrogé. Qu’est ce que cela signifie ? Et bien que si l’on vous propose un poste globalement dans la même branche d’activité que celle de vos compétences, situé à 1 heure de trajet de chez vous pour un salaire moitié moins important… vous ne pouvez pas la refuser ! Bienvenue dans le monde de l’esclavage.
– Un demandeur d’emploi qui manquerait un entretien avec Pole Emploi peut se voir tout simplement radié. Cette radiation est d’un mois pour un premier manquement. De plus, les chômeurs ne respectant pas leurs obligations verront désormais leurs allocations purement et simplement supprimées. Auparavant, il s’agissait d’une baisse des droits.
– Les demandeurs d’emploi seront désormais encore plus contrôlés. D’ailleurs les équipes s’occupant des contrôles vont passer de 200 à plus de 1000 en 2020.
De l’autre côté, le gouvernement souhaite endiguer le recours massif au CDD et aux contrats précaires par la mise en place d’un système de bonus-malus d’assurance-chômage (qui ne sera officiellement mis en place qu’en… 2021!) vis à vis des entreprises. Celles recourant trop souvent à des contrats courts se verraient donc appliquer un important malus sur leur cotisation. Dans le même temps, une taxe forfaitaire de 10 € sera appliquée à ce que l’on appelle des CDD d’usages, c’est à dire pour les emplois qui sont par nature temporaires. Et sur lesquels ont n’applique d’ailleurs pas la prime de précarité.
Cependant, ces mesures, toutes pertinentes qu’elles puissent paraître risquent surtout de toucher de petits employeurs dans des secteurs d’activités ou le recours à ces contrats est une nécessité. Quand aux grosses entreprises, elles obligeront tout simplement leur salariès à se mettre dans des systèmes d’auto-entreprenariat qui précariseront encore plus leur situation tout en déplaçant sur le travailleur lui-même le paiement des cotisations sociales. Vous vous rappelez : privatiser les profits, socialiser les coûts…
Qui est concerné par la reforme de l’assurance chômage ?
Alors, comme nous l’avons vu certaines catégories de travailleurs sont, pour l’instant, plus concernées que d’autres. Mais on peut être quasiment sur que tout le monde sera à un moment ou à un autre dans la ligne de mire. En effet, l’objectif avoué du gouvernement est bien de casser les deux grands symboles du travail libre : le régime de chômage et le régime d’assurance retraite.
A côté d’un certain nombre de personnes sont concernés par d’autres facettes du projet Macron de réforme de l’assurance chômage. Evidemment, comme nous l’avons vu plus haut, certains cadres verront le nouveau régime les toucher. Mais par ailleurs deux autres catégories vont voir leurs situations changées par la reforme : les démissionnaires et les indépendants.
– Les démissionnaires pourront ainsi, sous certaines conditions, avoir accès aux indemnités chômage. Ces derniers doivent : être apte au travail, chercher un emploi, jusque là tout va bien) mais doivent également avoir un projet de reconversion professionnelle nécessitant le suivi d’une formation ou un projet de création ou de reprise d’entreprise attesté par une commission paritaire interprofessionnelle. De plus, le salarié doit avoir travaillé dans la même entreprise durant au moins 5 ans. On le voit même si l’idée semble bonne, les conditions sont cependant restreintes à un très petit nombre de personne. Mais bon… de ce coté là cela peut au moins permettre à certains d’obtenir une forme de revenu de remplacement le temps d’un changement d’activité.
– Les indépendants pourront également avoir accès à l’indemnisation chômage. Mais il s’agit seulement d’une aide de 800 € pendant six mois qui ne sera appliquée que s’il existe un jugement de liquidation judiciaire et seulement si l’indépendant à perçu un revenu de 10 000 € par an durant les deux années précédentes…
Une reforme chômage orientée
Lorsqu’on prend du recul et qu’on analyse les raisons profondes de cette nouvelle reforme chômage 2019 , on comprend immédiatement qu’elles en sont les véritables enjeux : la destruction de l’un des systèmes de protection sociale. Ainsi, sous des dehors de lutte contre le chômage, on sanctionne avant tout celui qui subit les problèmes du monde du travail et de l’emploi.
Le problème actuel n’est pas un problème de chômage mais bien un problème d’emploi et de sous emploi. Stigmatiser les chômeurs, les punir de la situation alors même que l’État supprime des emplois utiles dans les secteurs de la santé ou dans l’éducation ; qu’il permet à des multinationales réalisant des profits énormes de détruire des emplois en délocalisant, ou en les laissant pratiquer de l’optimisation fiscale ; qu’il aggrave la situation des petits entrepreneurs qui croulent sous les taxes ou qu’il laisse les agriculteurs se faire dominer par l’industrie agro-alimentaire, ce n’est pas lutter contre le chômage, c’est détruire une société.
Mais ne soyons pas dupe, ce sont les cotisations du travail subordonné qui permettent de payer du travail libre. C’est pour cette raison que les deux grands volets sociaux qui sont systématiquement attaqués par le patronat et les gouvernements néo-libéraux sont l’assurance-chômage et les retraites. En effet ces deux DROITS sont emblématiques du travail libre. Les détruire, c’est faire passer tout le monde dans la catégorie des corvéables à merci.
Ce qu’il nous faut, aujourd’hui, se sont des mesures en faveur de l’emploi et non pas contre l’assurance-chômage.